
Il y a 14 ans, Rafael Nadal s’amenait à Montréal pour la toute première fois fort de la meilleure saison de sa jeune et florissante carrière, ayant remporté huit titres dont le premier de ses 12 à Roland-Garros.
Entre le début de la saison 2005 et le lancement de la Coupe Rogers au mois d’août, l’Espagnol avait fait un bon de 48 places au classement de l’ATP et était la première tête de série du tournoi montréalais en raison de l’absence du numéro 1 mondial, un certain Roger Federer.
Les deuxième et troisième têtes de série, Lleyton Hewitt et Andy Roddick, ont été éliminées dès le premier tour, cédant la place à Nadal d’un côté du tableau, et à la légende Andre Agassi de l’autre.
Nadal a éventuellement battu l’Américain 6-3, 4-6, 6-2 au terme d’une finale âprement disputée, décrochant ainsi son premier de quatre titres à la Coupe Rogers (Montréal en 2005 et 2013, Toronto en 2008 et 2018).
« Cette année-là, il y avait surtout Roddick et Federer », s’est rappelé Eugène Lapierre samedi, directeur de la Coupe Rogers. « Roddick a perdu dès le début et Federer n’est pas venu. Donc pour le public, il restait Nadal, la vedette montante et Agassi, bien sûr.
« C’était vraiment le choc des générations. »
Ce dont Nadal se souvient surtout — et avec un peu de nostalgie —, lui, c’est l’état d’esprit dans lequel il était au moment d’arriver à Montréal, la victoire qu’il y a signée représentant le premier titre de sa carrière sur la surface dure.
« Si j’avais les connaissances que j’ai aujourd’hui du tennis en général avec les jambes que j’avais en 2005, je serais probablement un très bon joueur, n’est-ce pas ? », a rigolé Nadal.
« J’ai perdu quelques atouts depuis, mais j’ai essayé d’en ajouter d’autres à mon arsenal afin de demeurer compétitif pendant toutes ces années. Une des choses les plus importantes pour moi, une des choses qui me rend le plus fier, c’est que j’ai réussi à continuer de jouer au plus haut niveau possible malgré plusieurs obstacles. »
« Ma personnalité n’a pas beaucoup changé, mis à part le fait que j’aie maintenant 15 ans de plus (rires). »
Et heureusement, parce qu’en plus de ses 18 titres en Grand Chelem dont 12 à Roland-Garros, c’est justement cette personnalité qui le rend si unique et agréable à accueillir année après année à la Coupe Rogers.
« Selon moi, c’est peut-être le joueur le plus gentil sur le circuit », a mentionné Lapierre. « Et il est comme ça partout, pas juste à Montréal. Il a conscience des gens autour de lui, une chose qu’on ne peut pas dire de tout le monde. Les joueurs de tennis sont gentils en général, mais avec Nadal c’est encore plus particulier. En connais-tu beaucoup des joueurs qui applaudissent leurs adversaires quand ils quittent le terrain ? Il dit toujours bonjour, il va te tenir la porte si tu te trouves derrière lui… il a eu une bonne éducation et ça se voit. »
Aujourd’hui, Nadal a peut-être plus de sagesse et d’expérience qu’il y a 14 ans, mais le taureau de Manacor n’a rien perdu de sa combativité d’antan.
« À l’époque, ce qui était impressionnant quand il avait 18-19 ans, c’était son énergie », a ajouté Lapierre. « Il courait toutes les balles. Sa force de frappe ; wow. Il a cette grande qualité – et tous ses adversaires vont le dire – il ne laisse jamais passer un point. Il a le même niveau d’intensité dans le plafond sur toutes les balles. Tu as beau être en avance 5-0 et 40-0 contre lui, tu sais qu’il pense qu’il peut revenir. Il va toujours vouloir toutes les gagner. C’est exténuant pour les adversaires et c’est sa marque de commerce. Tu sais qu’il va falloir que tu renverses une montagne quand tu joues contre lui. »